Séjour d'enseignant au liban de 1958 à 1961
Escale Grecque
les Cariatides |
Au port du Pirée, l'escale est encore plus longue qu’en Italie. Arrivé le matin le navire ne doit reprendre la mer que le soir. Geo va pouvoir visiter Athènes mettre à l'épreuve ses études de Grec, durant toutes ces années de thèmes ou de version de grec ancien bien sur.
Il est bien plus pittoresque de prendre le métro pour aller à l'Acropole que de s’y rendre en taxi, comme on leurs a conseillé.
Les jeunes étudiants partent tous en groupe, dans cette ville ou le dépaysement parait encore plus grand qu’en Italie, en raison des enseignes en écriture grecque.
Avec ses camarades ils trouvent tous beaucoup de charme, à déchiffrer les caractères Cyrilliques. Le grec moderne n'est pas si éloigné que cela du grec ancien enseigné dans les collèges en France en ces années 1950. Au marché, il est agréablement surpris de constater que par exemple," bonjour " se traduit littéralement en grec moderne par le mot : "Kalos» littéralement : bon, en français. Et" Méra" signifiant : le jour. Ainsi Bonjour se disait sans doute comme dans le Grec de Démosthène : « Kaliméra. »
Que d'années, il a passé à traduire Xénophon sur les bancs du collège des bons pères à Chavagnes !
Que de rêves et d’imagination enchantée, en traduisant les voyages d'Ulysse sur la mer Egée !
Le sol de ce beau pays qui a tant fait rêver les hellénistes en herbe sur les bancs du secondaire au collège de Chavagnes, il le foule au pied, en ce jour. C’est pour lui incroyable !
L’escale au port du Pirée est riche en visite, en émotion et en souvenir.
Il ne peut s'empêcher de penser à tout instant, à son vieux professeur de grec, le bon père Nollet qui aurait, sans doute, été tout retourné de se trouver là, dans ce pays qui le faisait tant rêver autrefois.
Quelles merveilles que ce monument, le Parthénon !
Les Cariatides ! Ces six statues de jeunes filles, qui ont traversées les siècles, comme des témoins de cette civilisation qui engendra la nôtre.
Les compagnons de Geo n'éprouvent pas tous les mêmes sentiments sans doute, car certains ne croient pas nécessaire d'aller visiter l’acropole d'Athènes.
Geo en quittant ces ruines historiques se jure bien qu'il y retournera un jour.
Dans le métro qui le ramène au port, un jeune homme, la trentaine, nous adresse la parole à nous jeunes étudiants. Ce monsieur, d’origine française, vit à Athènes. Il nous entend parler sa langue maternelle, le français. Il est content sans doute de rencontrer des compatriotes.
Il nous dit qu’il est archéologue au CNRS. Il travaille sur les ruines. Il semble très enthousiaste et ne tarit pas d’éloges sur la capitale hellénique et les richesses qu’elle contient.
Nous l’invitons à la terrasse d’un café. Geo commande un vin grec qu’il imagine extra. Mais hélas, cela ne vaut pas le bon hydromel de Chauché. Les copains semblent aussi un peu déçus il est servi dans un gobelet en cuivre un peu oxydé. Un copain qui a des parents vignerons, fait remarquer en souriant que chez lui on met aussi de l’oxyde de cuivre, mais plutôt dans la vigne que dans les verres.
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Escales Italiennes
Gènes |
Le lendemain matin c’est une courte escale à Gènes, personne ne descend à terre, le chargement est rapide. Les grues transbordent quelques marchandises. Une dizaine de voitures sont amarrées sur le pont. Cela réduit encore un peu plus notre espace promenade ou sitting sur le pont. La croisière se poursuit aussitôt Naples. La côte italienne défilent sous nos yeux tous l’après midi ensoleillé. Geo s’amuse à regarder la route côtière et les voitures qui suivent au loin les beaux rivages de la botte italienne.
Le lendemain matin alerté par un copain Geo rejoint le pont pour voir l’arrivée dans cette magnifique baie de Naples. Une escale d’une bonne demi-journée permet au groupe de rejoindre la terre ferme. Après quelques formalités, un coup de tampon sur le passeport et geo descend la passerelle. Ce jour là l’escale est courte et permet de faire quelques photos, sans cependant s’éloigner trop du port .l’embarquement est fixé à 14 heures mais le repas est servi comme d’habitude sur le bateau à 12 heures. Inutile de faire la folie d’un restaurant en ville. La cuisine grec n’est pas très variée mais convenable.
Les deux jours de mer qui suivirent cette escale ne furent qu'une magnifique croisière sur la Méditerranée. Les trois quarts du temps se passent toujours au soleil sur le pont.
La fin de l’après-midi le navire aborde le passage du détroit de Messine entre le continent Italien et la Sicile.
Le beau temps de ce début de septembre, confirme cette impression de bien vivre. De nouveaux horizons inconnus s'ouvrent pour les jeunes voyageurs, jours après jours. Ils aperçoivent à l’horizon des îles enchantées. Le vieux bateau avec son équipage grec, rassemblement bigarré de gens de toutes origines, lui semble familier maintenant et finalement agréable et sympathique.
Comme pour l’arrivée à Naples, il faut se lever de bonne heure pour voir l’arrivée en Grèce. La terre se rapproche de plus en plus et en face, les passagers groupés sur le pont avant se demandent comment le gros bateau va pouvoir franchir l’étroit canal de Corinthe. Ce n’est là qu’une illusion d’optique. Le bateau semble se faufiler entre deux énormes falaises. L’arrivée au port du Pirée est proche.
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Passagers,équipage,navi re.
les passagers sur le pont |
Les passagers et l’équipage.
La grand mère n’est pas seule à bord, elle est en compagnie d'une jeune femme enceinte apparemment qui a déjà deux enfants en bas âge. Elle devra accoucher à bord dans la promiscuité. Son enfant sera peut-être italien, grec ou égyptien, suivant le jour de la naissance. Le premier port rencontré déterminera la nationalité du bébé qui va naître.
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Au fond de cette cale, toute la partie avant , est remplie de palettes, des sacs de café sans doute, si l'on se fie à l'odeur qui s'en dégage. Au centre, des rangées de couchettes superposées sans aucune séparation. Ce sont de vraies couchettes de marins, étroites et recouvertes d'un drap gris et d'une couverture bleue.
Voilà le cadre du navire pour cette croisière en Méditerranée.
Sur le côté dans le fond de la cale, séparé par une petite cloison, se trouve le restaurant, avec quelques rares petites tables de quatre personnes.
Aussi il y a au moins trois services, annoncés par un petit groom au chapeau rouge qui agite une clochette.
"Premier service, mesdames, messieurs !".
Geo et ses compagnons semblent ignorer tout cet inconfort, car il fait beau, et la croisière s'annonce magnifique sur le pont.
Tout le monde ou presque s'y retrouve. Des petits groupes se forment pour bavarder ou jouer aux cartes.
A la disposition des voyageurs, des vieux transats gris d'embruns et de sel, relégués sans doute en deuxième classe sont très prisés des femmes. Les hommes se perchent sur les cordages, certains même dans les chaloupes de sauvetage, qui semblent neuves grâce à la peinture récente. Pour tout le monde la principale occupation est de regarder défiler à l'horizon les côtes françaises. C’est un tableau vivant, sans cesse renouvelé. Des montagnes bleues et semées des points blancs et rouges des petites maisons semblent nous suivre lentement sur la côte.
Le chargement du navire a duré si longtemps, que le soleil se couche déjà. Le Lydia croise au large des îles d'Hyères.
La nuit tombe vite après le dîner.
Le jeune voyageur vendéen ne pense pas alors au décalage horaire qui va se faire sentir de plus en plus tous les jours en se dirigeant vers l’Orient.
Sur le pont, les copains parisiens sont loin de toutes ces considérations géographiques. Ils s’amusent à baptiser les membres de l'équipage de petit rafiot grec.
Le commissaire de bord qui parle beaucoup, autant avec sa bouche qu'avec ses mains, c'est Démosthène pour le moins.
Cet autre marin surnommé Socrate semble à coup sur un philosophe.
Celui là a la tête d’Aristote sur les épaules.
Cet autre en petits souliers plats c’est Achille au pied léger.
Le bouquet des surnoms c'est : "Triple fesses». Vous devinez pourquoi !
L'ambiance empreinte de souvenirs helléniques pour le moins, est au rire et à la fête sur le pont des deuxièmes classes. Un certain Titi parisien se plait à semer la rigolade.
Un autre groupe se forme autour d’un jeune homme qui joue fort bien de la guitare en chantant une chanson espagnole.
Le soleil fait rougir l'horizon. Geo se sent tout heureux tout à coup et trouve cela merveilleux.
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l'embarquement
L’embarquement.
Arrive enfin l’heure ou il faut franchir la passerelle qui conduit sur le pont du Lydia. C’est le plus vieux et le plus petit des quatre navires de la petite compagnie grecque. Elle assure, avec quatre bateaux, un service régulier vers le moyen Orient en transport mixte, c’est à dire passager et Marchandises.
(De nos jours il existe toujours mais transformé en boite de nuit sur la plage de port Barcarès.)
Geo ne se doute pas de ce qui l'attend lui et ses compagnons durant cette croisière qu’il a imaginée idyllique.
Accoudé au bastingage il observe nostalgique, les préparatifs du départ. Son attention est attirée par une scène insolite.
Sur le pont du Lydia, pourtant seulement amarré au quai, une vielle femme assise sur une chaise semble malade.
Elle souffre déjà du mal de mer ! Inutile d'imaginer ce qu'elle va devenir durant cette traversée, qui doit durer huit jours !
Sur ce bateau, le confort n’est pas parfait loin de là.
Il y a deux classes seulement. La première se situe naturellement, sur le pont supérieur. Là les passagers logent dans des cabines individuelles ou collectives, mais confortables.
Une porte soigneusement fermée à clef, sépare la première classe de la seconde située sur le pont inférieur.
Evidemment les jeunes appelés, au service national, sont en seconde classe.
C'est dans des conditions tout à fait spartiates que les bons Jésuites organisateurs de la traversée ont jugé bon d'apprendre à ces jeunes recrus ce qu’est un engagement dans la coopération.
Du moins c'est ce que Geo et ses copains s'imaginent. Il faut bien déjà les mettre dans l'ambiance du service nationale
Peut-être enfin, veut-on tout simplement économiser sur le prix de leur billet ?
Toujours est-il que les jeunes recrus de la coopération, se retrouvèrent tous logés au fond de la cale avec les marchandises.
Ils côtoient là, les pauvres gens qui rejoignent, certains ruinés plus ou moins, leur pays respectif.
Grecs, Egyptiens, Turcs, Libanais, Arabes retournent au Moyen Orient, après avoir passé un séjour en France. Hommes, femmes, enfants sont entassés dans les cales avec les sacs de café ou autres marchandise. Sur le pont pas de transat mais de maigres espaces entre les voitures de luxes emmitouflées sous des housses.
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A Marseille avant d'embarquer
Marseille
Une nuit de train suivit cette longue journée. Pas de couchette pour ces huit jeunes gens, qui rejoignent le port de Marseille pour l'embarquement vers le Liban. Les compagnons qui l'ont rejoint dans la capitale sont tous du Nord de la France, un de Dunkerque, un autre de Dijon. Tous les autres sont originaires de la région parisienne. Le responsable du groupe est Giry. Il est un étudiant Jésuite qui se rend dans un des collèges du Moyen Orient à Beyrouth ou ailleurs.
L'embarquement doit avoir lieu aux environs de quatorze heures sur le quai de la Joliette. Tous les partants pour le Liban, une quinzaine de jeunes gens âgés de vingt ans, venant de toute la France ont rendez-vous à l'hôtel de Normandie, près de la gare saint Charles pour le déjeuner du matin et de midi, juste avant l'embarquement.
Le repas terminé Il reste du temps d’attente à Marseille.
Geo ne se joint pas au groupe qui se rend visiter Notre Dame de la Garde. Il a épuisé à Paris une bonne partie de son précieux argent de poche. Il préfère traîner autour du vieux port, voir le" ferry boat», et rester dans l'atmosphère de Marcel Pagnol ou de Daudet, qui lui rend, ce midi si attachant.
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